
Gus sait que Terry est heureux pour lui. Que le fait qu'il lui annonce qu'il va avoir une fille avec Vera remplit son cœur de bonheur. Mais il voit aussi cette faille profonde qui irrigue son regard bleu, lui faisant perdre sa brillance. Il ne veut pas enfoncer le clou, car il se sait que ce n'est pas la solution. Mais voir son ami ainsi le secoue intérieurement, il voudrait faire plus. Retrouver le Terry du passé, mais là vie l'a abîmé et ce sera difficile. Il ne veut pas le voir couler, se laisser emporter par une vague trop puissante et lâche prise. Déjà qu'il ne tient que par un fil fragile à son existence. Il se doit de le booster, de mettre un peu de paillettes dans sa vie trop terme. Mettre des petits bouts de bonheur sur sa route. Semer des petits cailloux qui le guideraient en cas de perdition. Des petites lumières pour qu'il retrouve son phare si la tempête de sa vie devient trop imposante. En espérant qu'il trouve un jour la paix et qu'elle se glisse à nouveau dans son cœur. Tout le monde fait des erreurs, Terry a payé la sienne bien cher, il temps que la roue tourne et qu'il sorte du tunnel.
Alors il lui propose une soirée en compagnie de Vera, tous les trois autour de bons petits plats que le cuisinier aura préparer avec amour. Une parenthèse pour qu'il souffle et qu'il sache qu'il est soutenu coûte que coûte. «
Parfait je vais voir avec ma douce pour organiser tout ça rapidement. » Avant que son petit ventre ne devienne trop imposant. Et cela fera du bien au couple aussi de recevoir, de quoi sortir un peu de la routine boulot et préparation naissance. Même si Terry reste discret sur certaines phases de sa vie, il se laisse aller sur Ignazio, certainement sans s'en rendre compte. Plus parce qu'il lui manque et que le trou dans son cœur, laissé par leur séparation, pèse à cet instant plus lourd. Gus se doute de sa souffrance, il les a vu suffisamment tous les deux pour avoir saisi l'essence même de leur amour. Il a souvent vu le musicien traîner comme une âme en peine sur le parking de la prison espérant que son ex acceptera de le voir. Cette histoire a déchiré le cœur du cuisinier impuissant face au choix de son ami. Et sur lequel il n'est jamais revenu pour ne pas gâcher la vie de son petit ami. Alors il se montre plus présent pour lui à cet instant ou tout semble difficile, un peu comme si le monde de l'ancien pilote s'effondrait encore. «
Alors tu te dois de faire de même Terry. Or j'ai la sensation que tu t'accroches à cet amour comme on s'accroche à un fantôme. Et je sais de quoi je parle, vu comme je me suis accroché à mon jumeau. Toi aussi tu as le droit d'être heureux. Tu le mérites autant que Ignazio. Arrête de te laisser dépérir. » Il parle avec douceur. Il voudrait pouvoir faire plus, effacer sa douleur, apaiser son cœur, mais il n'a pas les armes Gus. Il peut juste le soutenir à chaque seconde, lui tendre la main, et l'aider à se relever s'il chute. Mais est ce assez vu l'état dans lequel il est ? Cela lui fait faire du souci. Parce que même s'il ne lui dit pas, il pense qu'il est au bord du gouffre et qu'il pourrait faire une connerie malgré le soutien de ceux qui l'aiment.
Enfin Gus sort ce qu'il a préparé et le propose à la dégustation. Il sait que Terry est un grand gourmand et un fin palais. Il espère que d'aiguiser ses papilles à diverses saveurs, lui fera oublier un peu tout son désarroi. Même si c'est une goutte d'eau dans l'océan de tous les problèmes qui assaillent l'esprit du pilote. Mais encore une fois il fait avec ses armes, celles qu'il maîtrise et qui en principe marche. Mais il semble que Terry se laisse happer, que la forteresse de sa solitude se brise un peu pour que Gus puisse distiller ce petit bonheur aux saveurs diverses. C'est une petite victoire que de l'entendre rire. Un rire franc et vrai. Du coup ils partent dans une discussion cuisine, Gus dévoile son projet traiteur. Et bien sur son ami saisit l'opportunité et éclaire un chemin encore un peu sombre. Parce qu'il rêve de se lancer, de se développer le cuisinier, mais maintenant qu'il va avoir un enfant, il se doit de rester prudent, de tout étudier. Bien sur Vera l'épaule, le pousse, elle lui donne des ailes et l'encourage. Mais il ne veut pas se planter. Et puis il y a ses parents, il doit continuer dans sa lancé pour qu'ils soient toujours fiers. Cela rattrape un peu les années de galères qu'il leurs a fait endurer après la mort de son frère. En tout cas un instant les nuages gris se déchirent et laissent la place à cette amitié sincère. Leurs regards s'éclairent et l'espoir née qu'importe le temps qu'il dure, il est là et c'est tout ce que voulait Gus. «
Merci c'est sympa, je reviendrais vers toi quand les choses se mettront en place. Je ne veux rien précipité. De un parce que oui là j'ai une autre priorité. De deux parce que je veux faire les choses correctement. » Gus ressert leurs verres. Et regarde Terry en train de savourer ce qu'il a cuisiné. Ce moment le touche. Ils ont tous les deux tellement endurés, la vie ne les a pas préservé. Mais Gus n'y serait pas arrivé sans le soutien de Terry. C'est bien plus qu'un ami, c'est un frère de cœur. Et après les plats salés, il sort les desserts, une ribambelles de verrines et de petites préparations également décorées. «
Tiens une dose de douceur, dans ce monde de brute cela fait du bien. » Il lui explique ce qu'il a fait, une déclinaison du Tiramisu, des Panna Cotta, des Saboyon, divers biscuits aux saveurs italiennes, avec en plus un assortiment de fruits de saison et de glace fait maison.
Et les heures passent enveloppant les deux amis dans une ambiance agréable ou leurs papilles comme leurs cœurs sont réchauffés par cet instant partagé. Il y en aura d'autres des moments émouvants, ils le savent l'un comme l'autre. Comme ils savent qu'à cas de coup dur, ils seront là l'un pour l'autre. Mais là voir Terry sourire et rire, c'est tout ce que Gus aime. C'est l'essentiel.