Sujet: Shine bright like a diamond [[ Isaac ( le Ven 19 Fév 2021 - 10:51 )
La tête enfoncée au creux de l’oreiller, Lissandro contemple son plafond, en quête de réponses que le lambris ne lui livrera pas. Il soupire, attrape son téléphone qui affiche dix-sept heures trente-six. Sa sœur cadette passe devant la porte de sa chambre pour la cinquième fois de la journée et jette un regard indiscret teinté de malice par l’embrasure de sa forteresse de glace. Pour la cinquième fois de la journée. « Le quotidien trépidant d’une vedette ! » se moque-t-elle en mimant de le filmer avec ses doigts en guise d’objectif. La riposte est immédiate, fort de toute la répartie qui a, sans nul doute, fait la gloire du chanteur : « va chier ! », accompagné d’un lancer de gilet dans le visage de la frangine impertinente.
Shine bright like a diamond
Graeco sermone ad Tyrii textrini praepositum celerari speciem perurgebant quam autem non indicabant denique etiam idem ad usque discrimen vitae vexatus nihil fateri conpulsus est.
Lissandro pousse un nouveau soupir, plus long et profond, cherchant à chasser toute paresse et léthargie de son corps… sans grand succès. Il s’étale à nouveau sur le coussin qui lui semble alors plus mou, confortable et douillet que jamais. Douce torpeur. Pour ne pas céder à la flemme ultime, celle qui n’offre plus aucun retour en arrière, l’italien déverrouille son téléphone et consulte ses réseaux sociaux. Il balaie les notifications, fait défiler une série de commentaires sous une photo qu’il n’a pas posté – mais quelqu’un s’en est chargé à sa place. Sous la photo en contreplongée où il apparait en haut d’un mur d’escalade se trouvent quelques mots clichés « motivation, détermination, pas d’excuse ». Sa mère est allée fouiller dans les archives pour déterrer un fossile pareil. Sa sœur repasse devant la porte. Sixième fois. Elle agite son téléphone avec toujours plus de malice. « Escroooooooooc. » Cette fois Lissandro balance son oreiller, acte qu’il regrette immédiatement lorsque sa tête retombe sur le matelas. « Et merde. »
Il scrolle, scrolle, scrolle et scrolle encore. Ce n’est ni lucratif, ni productif mais ce temps perdu lui fait étrangement du bien. Ou pas, peu importe. Puis il tombe sur une vidéo qu’il a déjà vu une vingtaine de fois. Une vidéo qu’il ne peut s’empêcher de lire jusqu’au bout à chaque fois. Celle d’un gars dans un karaoké filmé à son insu alors qu’il livre une performance époustouflante. Le musicien se redresse et s’adosse à la tête de lit. Dès les premières notes il ferme les yeux et la peinture se dessine derrière ses paupières closes. La vedette de la vidéo se met à chanter avec une justesse et une pureté qui lui donnent la chair de poule. Il l’écoute jusqu’à la dernière note et reste coi. Une question taraude son esprit ; toujours la même : comment cet inconnu peut-il rester inconnu avec le diamant brut qu’il possède au fond de la gorge ? Lissandro joue d’une guitare inexistante entre ses mains, improvise quelques accords qu’il susurre. Ils seraient parfaits pour le timbre de voix du prodige des karaokés.
Au huitième accord, ça lui saute aux yeux comme une évidence : il doit le rencontrer. Il y a trop d’inconnus dans cette équation et le chanteur n’a jamais eu la patience pour les mathématiques. Il faut qu’il fasse sa connaissance. Qu’il comprenne pourquoi il ne fait pas encore carrière dans la musique, qu’il l’encourage à rectifier le tir. Il voudrait composer pour lui, écrire même s’il le souhaitait. Qu’importe ce que donneraient ses recherches, il se doit d’essayer. Une voix pareille ne mérite pas de rester dans l’ombre. Il ouvre les commentaires de la vidéo. Il pourrait passer par sa mère et lui demander d’investiguer à sa place mais ça impliquerait un interrogatoire auquel il n’a aucune envie de se soumettre. Il fait ça à sa manière pour une fois, tombe sur un nom « Isaac Calderini » – jamais entendu – puis de fil en aiguille trouve son profil, un club « le Caruso » – ça, ça lui parle. Alors il attend une heure propice, se prépare comme il se doit pour un établissement de ce standing et s’échappe de son appartement en adressant à ses sœurs un bref « Je sors. » qui n’attend ni question, ni réponse, de leur part.
Lissandro a toujours apprécié l’ambiance des discothèques. Lorsque la musique aux basses fracassantes dessine à ses yeux des couleurs qui se mêlent aux lumières des projecteurs, il rêverait de pouvoir photographier ces arcs-en-ciel stroboscopiques pour les partager au monde entier. Le chanteur se faufile le long de la piste de danse, le regard vagabond et le sourire aguicheur – c’est plus fort que lui. Il se fraye un passage jusqu’au bar, y trouve un tabouret vide, unique rescapé de la masse de clients qui s’y presse. Il s’y installe avant qu’un autre ait la même idée. Le barman semble déjà affairé, ce n’est pas grave il n’est pas pressé. Il se tourne de trois quarts vers la salle, accoudé au comptoir en l’attendant. Son regard balaie l’établissement. « Où es-tu Isaac Calderini ? » songe-t-il.
Sujet: Re: Shine bright like a diamond [[ Isaac ( le Ven 19 Fév 2021 - 14:41 )
Nothing has changed for me, I thought I definitely got stronger. The truth is, i'm just closing my heart. Even the easiest things to do are still difficult. I can't bear the weight of choice. I would like to lower it a little. Even my trembling heart has nowhere to lean on. I try to not regret it, I try to endure it. All of this, all of me.